Métavers, blockchains, NFT, quelle utilité pour le tourisme ? Le guide vulgarisé du tourisme 3.0 🤯
Blockchains, NFT, métavers... si tu ne comprends rien à tout ça et que tu n'en vois pas l'intérêt pour le tourisme, il est peut-être temps de te pencher sur cet article (très) vulgarisé.
Temps de lecture : 10 minutes
Ce que tu vas découvrir aujourd’hui :
Les définitions vulgarisées du Web 3 (blockchain, métavers crypto, NFT…)
Les cas concrets déjà existants et les projections sur les prochaines années pour le secteur du tourisme
Leur impact environnemental
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Effet de mode pour certains, bullshit marketing pour d’autres, danger environnemental ou cybercriminalité pour la plupart, l’univers des cryptomonnaies et des blockchains provoque toujours de vifs débats.
Pourtant, c’est déjà une réalité tangible qui envahit ton quotidien, sans même que tu t’en aperçoives.
Avant toute chose, faisons un petit point lexique. Si tu es déjà à l’aise avec ces notions, passe directement à la suite.
Lexique : c’est quoi ce bin’s ? 😵💫
"Blockchain" : La blockchain est comme un grand livre de comptes, mais au lieu d'être écrit sur du papier, il est stocké sur des ordinateurs partout dans le monde. Tout le monde peut voir ce qui est écrit dans ce livre de comptes, mais personne ne peut effacer ou modifier les informations qui y sont stockées. Cela permet de stocker des informations de manière très sécurisée et d'assurer que toutes les transactions sont transparentes et vérifiables.
"Web3" : Le Web 3 est une évolution d'Internet. Elle repose sur des technologies de blockchain décentralisées. Cela signifie que les utilisateurs peuvent interagir directement les uns avec les autres, sans avoir besoin d'un tiers de confiance pour faciliter les échanges. C'est un peu comme si Internet passait d'un modèle centralisé, où des entreprises comme Google et Facebook contrôlent l'accès et les données des utilisateurs, à un modèle plus distribué et équitable. Le Web 3 utilise des technologies de blockchain qui permettent de stocker des informations de manière transparente et sécurisée, sans avoir besoin d'un tiers de confiance pour vérifier les transactions. Cette transparence et cette sécurité sont particulièrement importantes dans le monde numérique, où il est souvent difficile de savoir si les informations que nous partageons sont authentiques ou non.
"Cryptomonnaies" : Imaginez des monnaies spéciales que tu peux utiliser pour investir ou réaliser des transactions et des opérations sur les blockchains. Au lieu d'être en métal ou en papier, ces pièces de monnaie sont virtuelles et stockées sur des portefeuilles également virtuels. Elles ne peuvent donc exister qu’à travers la technologie numérique. Leurs transactions sont gérées par un réseau de personnes qui se font confiance et qui peuvent s'échanger ces pièces sans avoir besoin d'une banque ou d'un gouvernement pour surveiller ou vérifier les transactions.
"NFT" : Les NFT (jetons non fongibles) sont comme des objets de collection virtuels. Ils sont uniques et identifiables, ce qui signifie que si tu achètes un NFT, tu es le seul à posséder cette chose spécifique, exactement comme si tu as une carte de collection très rare.
"Métavers" : Les métavers sont des mondes imaginaires que l'on peut visiter sur Internet ou en réalité virtuelle. C'est comme si tu rentres dans un jeu vidéo et que tu interagis avec d'autres joueurs du monde entier, avec des graphismes (parfois) plus réalistes et une plus grande liberté d'action. Les métavers sont souvent construits avec des technologies de blockchain décentralisées, ce qui leur permet d'être sécurisés et transparents. Ils permettent aux utilisateurs d'interagir et d'échanger des choses directement entre eux, comme des cryptomonnaies ou des NFT.
Le métavers et le tourisme 👾
Qui dit nouvelles technologies immersives, dit interrogations éthiques, sociales et environnementales.
Les principales craintes soulevées par les néophytes sont souvent les mêmes :
Pourquoi vouloir voyager dans un monde virtuel quand il y a tellement de choses à découvrir sur Terre ?
L’impact écologique des technologies du Web3 semble monstrueux (cf. dernière partie de ce post 💡)
Leur utilisation va renforcer l’isolement de ses utilisateurs et entériner la fin des relations humaines
En soi, toutes ces critiques s’entendent.
Mais comme toute technologie, il est nécessaire d’en comprendre les tenants et aboutissants pour s’en servir à bon escient, plutôt que de laisser le train passer. 🚂
Je reste persuadé que les métavers ne remplaceront jamais le voyage.
Principalement pour cette raison, soulevée par Marie Deshayes à la suite d’un de mes posts LinkedIn sur le sujet :
En revanche, je suis convaincu que les métavers sont des outils indispensables pour mieux comprendre des sites historiques, comprendre l’univers de marque d’une entreprise, s’offrir un bel aperçu des prestations qu’elle propose ou vivre des expériences de manière différente.
D’ailleurs, je m’en suis fait la réflexion pas plus tard que ce week-end.
👉 Je me baladais à Tintagel, dans les Cornouailles, un fabuleux site historique dévoilant les vestiges d’un château du XIIIe siècle (qui aurait influencé tout l’imaginaire autour du Roi Arthur).
Malheureusement, les panneaux informatifs et le guide papier de 170 pages n’ont pas suffi à assouvir ma curiosité.
❌ Je suis probablement déjà ravagé par les affres de la technologie… mais j’aurais préféré assister à une reconstitution historique, vivre un pan de la vie de l’époque et mieux me rendre compte de quoi ressemblait le site quand il était encore entier.
Tout cela aurait été possible avec le Metaverse.
Le cas de Wytland, le premier Metavers français du tourisme 🐓
François-Xavier Goemaere et toute l’équipe de Wytland se sont penchés sur le sujet. L’idée de cette boîte française :
Venir verticaliser un nouvel écosystème dédié au travel qui rassemble les passionnés du voyage. 🎯
Nous y trouverions des outils adéquats pour communiquer, se rassembler et échanger, tout en ayant la possibilité de monétiser des contenus.
Plus qu’un projet sur une feuille de papier, c’est un chantier déjà bien avancé, notamment grâce à un premier partenariat signé avec l’OT de Dunkerque.
A leurs côtés, ils réfléchissent à créer le premier espace virtuel dédié aux kitesurfeurs du monde entier.
Au-delà de l’aspect communautaire, il faut percevoir les métavers comme des moyens supplémentaires permettant à des gens limités par leur situation financière, leurs capacités physiques ou leur emplacement géographique d’accéder à une expérience.
Ce sont aussi d’excellentes béquilles de communications pour des agences de voyage qui n’ont pas les moyens de louer des locaux à des prix exorbitants.
Ou encore de bonnes alternatives pour des acteurs du tourisme qui ont besoin de moderniser leur communication et de renforcer leurs expériences immersives.
Quant à la menace planant sur l’addiction théorique à un nouvel outil informatique, voilà ce que FX répond :
“Un français moyen passe plus de 5h par jour devant un écran, dans des environnements ultra voraces en énergie et en partage de datas. En créant Wytland, on essaie de se battre pour amener une idée de décentralisation, tout en étant attentifs à la valeur énergétique. On propose une alternative intelligente, basée sur l’exploration et le partage, à des environnement ultra prédateurs comme le sont les réseaux sociaux. Notre solution est pensée pour être finissable, à l’inverse des plateformes social media qui prônent le scroll infini. Vous êtes proactif, votre personnage se déplace, vous avez un but, des décisions à prendre. Nos univers sont sufisamment petits pour instaurer un début et une fin d’expérience”.
Mira et Stonehenge, deux poids lourds du tourisme virtuel ✨
Au-delà de l’écosystème français, d’autres organismes ont déjà sauté à pieds joints dans le Métavers.
Mon préféré : Mira, une expérience immersive ultra réaliste d’univers définis, plongeant leurs utilisateurs au sein de lieux emblématiques et d’endroits confidentiels. Tu pourras t’y balader, rencontrer tes amis et ta communauté, voire y acheter des lofts virtuels. Comme dans tout projet du Web3, chaque personne contribuant à son développement en bénéficie.
Les créateurs ont le droit de présenter et de vendre leurs propres œuvres.
Les marques peuvent vendre des objets de collection et des produits, organiser des événements ou mettre en place des programmes de fidélité.
Les institutions et les sites peuvent bénéficier de la billetterie, de la vente d'objets de collection et de produits.
Les explorateurs bénéficient de leur implication et de leur fidélité et peuvent obtenir un accès VIP à des événements, des bonus ou des offres spécifiques de Mira, des institutions et des marques.
Les Lofts peuvent être achetés et échangés. Leur valeur est déterminée par leur design, leur volume, et les vues sur les villes ou les paysages.
Stonehenge X National Geographic, avec une expérience de réalité augmentée accessible via Instagram. Elle permet d’explorer le site historique sous toutes ses coutures et en toutes saisons. Tu peux tenter l’expérience en cliquant sur ce lien.
Les cryptomonnaies et le tourisme🪙
Aujourd’hui, l’utilisation des cryptomonnaies reste principalement limitée à de simples transactions.
Des plateformes de réservation, comme Expedia, LOT ou Norwegian Air proposent depuis 2014 de réserver des hôtels ou des billets d’avion en utilisant Bitcoin, la cryptomonnaie la plus connue.
À quoi ça sert ? 🤔
Essentiellement à éliminer les frais de transactions liés aux devises étrangères et à conserver une trace des transactions dans la blockchain.
Puisque les transactions sont sécurisées et inviolables, difficile d’escroquer le client.
D’ailleurs, quand le PDG d’Airbnb, Brian Chesky, a demandé à ses followers, en Janvier 2022, quelles étaient leurs attentes principales vis-à-vis de la plateforme, voici le top 6 qui en est ressorti :
D'ici à quelques années, il est probable que de nombreuses entreprises redéfinissent leurs programmes de fidélisation, comme c’est déjà le cas aux États-Unis.
Flycoin, un token créé sur les blockchains Ethereum et Polygon, vise d’ailleurs à récompenser les clients de différents acteurs du tourisme, comme North Pacific Airways.
À chaque achat auprès des partenaires, les utilisateurs peuvent gagner des FLY, sans date limite d’utilisation. Ils peuvent ensuite les échanger contre des récompenses ou des dollars.
Les NFT et le tourisme 🎨
C’est l’un des exemples les plus probants. Pourquoi ? Parce qu’il y a déjà tout un tas d’applications réelles, depuis quelques années.
En mai 2022, la compagnie aérienne Air Europa et TravelX ont vendu le tout premier billet d’avion en NFT, pour 1 M€.
Au-delà de garantir à son détenteur une place en classe Affaires pour un vol à destination de Miami, le token s’inscrivait dans une série d’œuvres d’art commandée par Ximena Caminos, une entrepreneure culturelle argentine.
Attention, je te rassure tout de suite, les NFT n’impliquent pas forcément de grandes fortunes ou d’énormes arnaques.
Si l’achat de NFT a été beaucoup décrié pour leur côté purement spéculatif, il faut avant tout s’intéresser à leur utilité réelle : assurer la détention d’un actif unique, non réplicable.
Concrètement, les NFT peuvent devenir :
Des billets (avion, musées, parcs à thèmes, nuits d’hôtel…) prouvant que tu es bien détenteur du droit d’entrée ou de séjour, interdisant de fait la contrefaçon ou la revente sauvage.
Des parts de propriété dans un projet de sauvegarde du patrimoine, te donnant de fait un droit de voir sur les décisions importantes qui le concernent
Des expériences uniques : une soirée d’atelier culinaire avec un Chef Étoilé, trois jours d’immersion dans les coulisses de Disneyland, un vol dans la cabine du pilote, la visite d’un site limité par des quotas d’entrée…
Des souvenirs numériques, à entreposer dans une galerie décentralisée, garante de la sauvegarde de vos datas, même si votre ordinateur crashe.
Et la Blockchain, dans tout ça ? 🖖
La Blockchain, c’est la solution la plus transparente, la plus efficace et la plus sécurisée pour protéger les données des utilisateurs.
C’est plus ou moins l’écosystème qui régit toutes les solutions technologiques précédentes.
Voici comment ça marche 👇 (à noter que tu peux remplacer “transaction” par “information”, ça marche aussi).
Ses applications sont vastes et concernent absolument toutes les facettes de l’industrie.
Entre autres :
Faciliter et accélérer le contrôle des informations personnelles des voyageurs lors des check-in dans les aéroports, des passages à la douane
Supprimer les intermédiaires en garantissant des transactions sécurisées, directement entre les fournisseurs originels (comme des hôteliers) et les clients
Créer des actifs d’immobiliers touristiques pour repenser l’investissement avec plus de transparence et offrir à leurs détenteurs (toi comme moi) un droit de regard sur les décisions prises
Centraliser et sécuriser toutes les datas d’un organisme, d’une marque, d’une institution…
Impliquer et rewarder plus largement des créateurs de contenus qui seraient moins dépendants des plateformes social media actuelles (Facebook, Insta, Snap, Tiktok….)
Empêcher les marques d’altérer des avis clients, puisque les renseignements rentrés sur les blockchains sont non-modifiables
Offrir une méthode de paiements internationaux plus rapide et plus sécurisée
Mettre en place des Organisations Autonomes Décentralisés (DAO) visant à faire évoluer les modèles de gouvernance des destinations en impliquant les touristes ou les habitants (comme l’ont fait le projet Stramosi et leurs NFTS inspirées du foklore roumain sur la blockchain MultiversX)
Le cas particulier des smart contracts 📑
Les smart contracts (les contrats intelligents) permettent d'automatiser des accords entre deux personnes, sans avoir besoin de passer par un intermédiaire.
Cela rend les transactions (comme la location de voiture ou l’accès à des expériences de voyage à l’étranger) plus sûres, plus rapides et plus transparentes.
👇 Voici un exemple, dans le cas d’un hôtelier 👇
Imaginons que tu réserves un séjour dans un hôtel pour tes prochaines vacances.
Habituellement, tu payes un acompte à l'hôtel pour réserver la chambre et le reste à ton arrivée.
Avec un smart contract, le procédé change subtilement :
Tu envoies le paiement initial à l'hôtel via la blockchain. Le contrat intelligent vérifie que les fonds sont bien en place et les garde en sécurité jusqu'à ton arrivée.
Le jour de ton arrivée à l'hôtel, le smart contract s'active. Il vérifie que tu es bien présent et que tu es satisfait de ta chambre.
Si tout est en ordre, il libère l’acompte.
Si quelque chose ne va pas, il contribue à résoudre le problème en fonction des conditions énoncées dans le contrat.
À la fin du séjour, le smart contract vérifie que tout s'est bien passé et qu'il n'y a pas de frais supplémentaires à payer. Si tout est en ordre, il déverrouille les fonds restants et les transfère sur le compte de l'hôtel.
Le contrat intelligent permet de s'assurer que l'hôtel et le voyageur sont tous deux protégés.
Il n'y a pas besoin d'un tiers de confiance pour vérifier les paiements ou les conditions, ce qui réduit les coûts et les risques pour toutes les parties impliquées.
Le coût environnemental des blockchains 🌼
“Les émissions de GES des data centers sont déjà problématiques, alors avec la prolifération des métavers, je te laisse imaginer…!”
J’ai souvent entendu ce genre d’arguments.
Et plutôt que d’écrire des bêtises sur un sujet aussi important, j’ai préféré laissé la main à un expert, alias Guillaume Cromer.
C’est le trésorier de l'association Acteurs du Tourisme Durable et le directeur gérant du cabinet ID-Tourism. Il est en formation sur le fabuleux univers du Web3.
Voici ce qu’il a pu me dire ⬇️ :
“Les protocoles de certaines blockchains sont aujourd’hui critiqués car trop gourmands en énergie. Or, c’est un raccourci que tout le monde fait.
C’est comme dire : « le tourisme est trop émetteur en gaz à effet de serre » sans regarder précisément quelle est la répartition au sein du secteur et ce qui est faisable pour réduire ces émissions.
Depuis que l’ADEME a réalisé le BGES pour le secteur du tourisme en France, on y voit beaucoup plus clair.
Chaque blockchain ne se vaut pas ni sur les usages ni sur les questions d’impacts environnementaux.
La philosophie même de la blockchain se trouve dans le triptyque : décentralisation, sécurité et scalabilité.
C'est de là que découle la question de l’impact environnemental des blokchains.
En particulier, de la question de la décentralisation qui pousse le protocole à valider des transactions à partir d’un consensus entre les « nœuds » du réseau (c’est-à-dire qu’il faut que l’ensemble des nœuds se mettent d’accord via une méthode commune).
Or, il y a de très nombreuses méthodes de consensus qui n’ont pas la même dépense énergétique.
Le consensus, c’est un peu comme le poids de l’aérien dans le bilan carbone du tourisme !
Ensuite, il y a des possibilités toutes simples de réduire ce bilan carbone, en cherchant à réduire l’empreinte de l’énergie utilisée… et donc en allant rechercher des énergies renouvelables.
C’est d’ailleurs de plus en plus le cas car cela permet aussi d’avoir une énergie moins chère.
On trouvera donc souvent des fermes de minage à proximité de barrages hydroélectriques, comme c’est le cas au Canada.
Enfin, le développement d’un projet sur la blockchain doit logiquement permettre de remplacer un acteur ou un autre projet dans le Web2, lui aussi potentiellement lourd en émission de GES…”
Et pour ceux qui en douteraient encore, sachez qu’il existe déjà des blockchains comme MultiversX, Tezos ou Polygon (où se développe Wytland), qui tentent de réduire leur empreinte carbone via des mécanismes de compensation.
Voilà, c’était dense ! Maintenant, tu en sais un peu plus sur cet univers et ses potentielles implications pour le secteur du tourisme.
Est-ce-que ça t’effraie ? Penses-tu que ce n’est qu’un gadget ou une mode qui va passer ? Ou au contraire, des outils géniaux à inclure dans les futures stratégies de développement d’entreprises du tourisme ?
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A très vite,
Théo